C'est
un des nocturnes les plus longs, et l'un des plus dramatiques. Il constitue
un véritable journal intime de Chopin, dans lequel on peut deviner
l'expression d'une douleur intense. Chopin voulait que les mesures initiales
ressortent en tant qu'élément thématique. A ce titre
il accentuait la sonorité des trois premières notes en
les jouant avec le troisième doigt, le doigt le plus sonore au piano. .
. Ce
premier épisode est "Lento" est suivi d'un nouvel élément
"Poco più lento" avec des accords égrenés et arpégés
qui apportent comme un espoir, mais peu à peu l'agitation gagne,
le volume sonore s'accroît, sur des figures obsédantes de
triolets et de doubles croches en octaves et s'accélère progressivement
vers le dernier passage passionné "Doppio movimento" fébrile
et désespéré. Le thème se détache, sur
une basse aux contours de plus en plus romantique et tourmentée. Le
nocturne s'achève comme une longue plainte. Ce
qui est paradoxal dans ce nocturne c'est qu'il se situe à la fin
de la vie heureuse de Chopin. La maladie est presque oubliée. C'est
à partir de 1842 que sa vie va commencer à baisser d'un ton.
Et pourtant à la fin de 1841 il écrit à Georges Sand
qui passe l'hiver à la campagne alors que lui reste à Paris,
et il signe sa lettre:" Votre toujours plus vieux que jamais, et beaucoup,
extrêmement, incroyablement vieux, Ch...". Il
n'a que 32 ans..