Schumann est le musicien romantique par excellence. Tout d'abord attiré
par la littérature, ses pièces pour piano sont les paraphrases
des poèmes qu'il n'écrira pas. Il
ne s'est décidé pour la musique que lorsqu'il s'est rendu
compte que le langage musical était pour lui plus puissant que le
verbe. Cette Fantaisie op 17 est peut être le sommet de sa production
pianistique. Composée en 1836, elle devait prendre le nom de sonate,
et en fait elle s'intercale entre la composition des trois sonates de Schumann. .
C'est
en proie à un profond désespoir, qu'il entreprend la composition
de la Fantaisie, séparé de force de Clara par le père
de celle ci qui s'opposait à leur union. Deux ans plus tard il écrivait
dans une lettre adressée à Clara" Pour que tu comprennes
bien la Fantaisie, il faut que tu te reportes à ce malheureux été
1836, où j'avais du renoncer à toi......" Trois
grands mouvements compose cette oeuvre, allant de la tension frébrile
du premier mouvement jusqu'à la paix et la méditation des
dernières mesures. Schumann nous dit au sujet du premier mouvement
" A jouer d'un bout à l'autre d'une manière fantastique et
passionnée "
Le second mouvement est d'une inspiration de qualité inférieure
aux deux mouvements qui l'encadrent. Cependant il équilibre l'ensemble
de l'ouvrage, et brille d'un éclat peut être plus extérieur,
très héroïque.
Le finale est un hymne à la beauté de la nuit. Schumann rejoint
le dernier Beethoven, dans ses pensées les plus intimement romantiques.
Après le désespoir du premier mouvement, l' ivresse du deuxième,
voici la paix. Mais Schumann se rapproche encore peut être plus de
l'impromptu op 90 n° 3 en sol bémol dont j'ai parlé la
semaine dernière, et que je vous invite à écouter
après la fantaisie.