Immense
et intense !
Lorsque
l'on consulte le livret du coffret, on retrouve plusieurs fois le terme "d'Himalaya
pianistique" pour qualifier l'oeuvre que représente les 32 sonates de
Beethoven accompagnées des Variations Diabelli !
C'est
exactement la comparaison qui convient. Enregistrer une intégrale est toujours
une opération délicate et Georges Pludermacher nous précise, avec une grande
humilité, que son enregistrement ne prétend pas rivaliser avec les intégrales
des grands Maîtres du piano que sont Backaus, Fischer, Arrau ou Brendel.
Et
pourtant ! quelle leçon de piano !!!
Sans l'invention d'une quatrième pédale dite
" harmonique " sur un piano Steinway, Pludermacher n'aurait peut-être
pas enregistré cette intégrale. Pour faire bref, je dirai que
cette fameuse pédale permet de prolonger les sons sans brouiller le phrasé
comme c'est le cas actuellement. Elle privilégie ainsi la clarté de
l'articulation tout en laissant les autres cordes vibrer par "
sympathie". Georges Pludermacher parle de la sensation intéressante de
pouvoir sculpter le son.
Une
autre particularité qui mérite d'être soulignée, est le choix de
Pludermacher dans la composition de son programme. Les sonates sont
classées par tonalité et non pas chronologiquement. La première et la
dernière de chaque Cd, sont de la même tonalité, les autres dans une
tonalité voisine. Cela permet d'échapper à une "monotonie stylistique
" précise Pludermacher.
En effet passer de la première sonate à la deuxième ne constitue pas un choc
important, mais lorsque sur le même Cd, vous écoutez la sonate n° 1 et qu'à
la fin du même Cd vous terminez par la sonate n° 23 "Appassionata"
quel voyage à travers le temps vous venez d'accomplir, quel bond musical !
Dès
les premières mesures vous ressentez une étrange sensation. Cela ne sonne pas
comme d'habitude. Pludermacher remodèle l'univers sonore, musical et artistique
de Beethoven.
Ne
vous-y trompez pas, la critique est unanime.
Il s'agit bien de l'évènement musical et pianistique de la saison 1998
!
Henri De
Bruyn
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