Bud Powell est un pianiste bop. C’est le pianiste bop par excellence, celui
qui a inspiré tout le piano moderne d’aujourd’hui et qui a su le
mieux traduire au piano le style parkérien disent les critiques.
Et c’est vrai.
.
Bud Powell
.
Mais plus que sa technique ou sa virtuosité c’est sa sensibilité
qui séduit avant tout. Le piano de Bud Powell est d’un romantisme
effréné. Ornements, traits, sont au service de la sensibilité
dramatique qu’il lui importe d’exprimer plutôt que de mettre en avant
ses indéniables talents de virtuose. Il n’en reste pas moins l’un
des rénovateurs de la main gauche, qu’il ne cantonne plus au simple
rôle de plaqueuse d’accords mais à qui il donne un chant réel,
en contrepoint avec les traits de la main droite, grâce à
des accords syncopés, altérés, qui forment à
eux seuls une autre mélodie.
A l’instar de celle de Charlie Parker la vie de Bud Powell est une suite
d’errances et de débines diverses. Ennuis avec la police, avec la
drogue, avec à peu près tout, il décéda selon
le diagnostic médical, de tuberculose, d’alcoolisme et de malnutrition.
A Harlem 5000 personnes suivirent son cercueil. On peut écouter
sa version de « I should care », une ballade enregistrée
à la fin de sa vie. Pour se faire une idée de sa formidable
technique contrapuntique et rythmique ses différentes versions de
« Tea for two » restent un modèle du genre.
.