Gustav Mahler naquit le 7 juillet 1860 à Kaliste, dans la partie tchèque de ce qui était encore l'Empire autrichien. Mahler connaît une enfance difficile. Juif et relevant de la minorité germanique établie en Bohème, il se trouve de ce fait en marge des deux communautés. Élève du conservatoire de Vienne en 1875, il s'enthousiasme pour Wagner, beaucoup plus que pour Brahms. En juin 1880 il est d'abord assistant, puis chef d'orchestre au théâtre de Hall.
Mahler
à 28 ans
.
Sa
véritable carrière de chef débute en janvier 1883
à Olmütz. Ses étapes suivantes seront Cassel (1883-1885),
Pragues (1885-1886) et Leipzig (1886-1888). C'est de cette époque
que date la première symphonie dite "Titan", et la mise en chantier
de la deuxième, dite " Résurrection" . Après avoir
quitté Leipzig en 1888 il arrive à Budapest au poste de directeur
de l' Opéra royal. A ce poste il créé des opéras
de Wagner et Don Giovani de Mozart.
En avril 1891 il est en poste à Hambourg en tant que premier chef d'orchestre de l' Opéra. C'est à Hambourg pendant les six années où il y restera, que Mahler s'impose comme un des tous meilleurs chefs de son temps. En 1894 sa deuxième symphonie est terminée et la troisième le sera en 1896.
Avec
sa nomination à Vienne en 1897 aux fonctions de maître de
chapelle, puis de directeur artistique de l'Opéra de Vienne, Mahler
aborde la partie la plus importante de sa carrière officielle. A
cette époque, Vienne est alors le centre musical le plus important
au monde, mais des peintres de grand talent comme Gustav
Klimt, apportent également leur contribution à cette
effervescence artistique.
.
Il
se dépense à Vienne sans compter, ne ménageant personne,
ni lui même. Il réformera l'Opéra de Vienne tant au
plan social, qu'artistique. Pendant cette période de dix ans, il
composera ses quatrième, cinquième, sixième et septième
symphonie.
Mahler à son bureau à
l'opéra de Vienne
En
1901 il rencontre Alma qui deviendra sa femme et dont il aura deux petites
filles.
Alma
Mahler
.
En 1907 le destin le frappe à trois reprise: il perd sa place de directeur de l'Opéra, sa fille aînée meurt de la scarlatine à l'âge de cinq ans et il apprend par les médecins, sa maladie de coeur incurable, qui l'emportera en 1911. Sa renommée internationale l'amène en 1907 à diriger à New York.
Mahler
en 1905
Pendant
quatre années de suite, il passera les hivers aux États-Unis,
et le printemps et l'été en Europe dans les Dolomites. Il
composera ses trois dernières symphonies, dont la huitième,
dite "Symphonie des mille" ( à cause du nombre des exécutants,
150 personnes à l'orchestre et 850 choristes d'après la légende)
qui lui apportera la gloire en tant que compositeur. En 1910 il traverse
une grave crise conjugale, et Mahler consulte alors Freud.
Il semble que
le père de la psychanalyse est trouvé l'entretien plus intéressant
que Mahler lui même. Lors d'une dernière visite en Amérique,
Mahler est victime d'une angine de poitrine à streptocoques, il
est transporté à New York ,puis à Paris et il rentrera
juste à temps à Vienne, pour y mourir le 18 mai 1911.
Mahler
peu de temps avant sa mort
.
Prolongeant
la tradition symphonique de Beethoven et de Brahms en y insufflant la modernité
de Wagner et de Bruckner, les œuvres purement symphoniques de Mahler sont
souvent de véritables récits. Il n'hésita pas à
utiliser dans quatre de ses neuf symphonies et dans le célèbre
Chant de la Terre (1908), des chœurs ou des voix de solistes, pour en accentuer
l'aspect narratif. Sa dixième symphonie resta inachevée.
Grand
amoureux des textes et des voix, il composa des cycles de lieder orchestraux
dont le Knaben Wunderhorn (1888) et les Kindertotenlieder "Chants des enfants
morts" (1902) sont de superbes exemples. Il écrivit également
des lieder pour voix et piano seul.
La
musique de Mahler, est déconcertante pour qui ne se donne pas pas
la peine d'aller vers elle. La raison fondamentale est la contradiction
apparente entre le choix que fit Mahler de son matériau musical
et la façon dont il le traite. Certains crurent voire là,
un manque d'inspiration et d'originalité. Largement romantique par
son inspiration, Mahler est résolument moderne par son langage.
L'oeuvre de Mahler annonce l'atonalité, et sans l'avoir jamais abandonné,
réduit en poussière la "Tonalité". Il en sera de même
avec la mélodie en tant que telle. Elle n'existe plus, confiée
à un seul groupe d'instruments, mais elle est partagée entre
tous les
instrumentistes
de l'orchestre, passant de l'un à l'autre, disparaissant d'un coté
pour apparaître là où on ne l'attendait plus. Il a
su exploiter les ressources de chaque instrument, allant jusqu'à
utiliser l'harmonium ou la mandoline.
.
L'orchestration
était pour lui un moyen de mettre en valeur les lignes mélodiques
les plus banales, ( j'ai déjà cité l'exemple de "Frère
Jacques"), et de les combiner délicatement, avec maîtrise,
dans la plus grande clarté, et avec une finesse, une subtilité,
et un raffinement jamais atteint, jusque là.
Les
symphonies de Mahler marquent l'apogée du post romantisme. La musique
de Mahler, laisse de la place à la surprise et à "l'accident".
Une symphonie peut se terminer dans une clé différente de
celle dans laquelle elle a commencé. Ce sont des constructions progressives
et la musique ne cesse d'y évoluer selon de véritables parcours
psychologiques où Mahler fait s'affronter des sentiments contradictoires,
désespoir, optimisme ou ironie. Longtemps méconnue, l'œuvre
de Mahler est le miroir de la vulnérabilité humaine.
"Elle créa le
scandale et depuis le scandale n'a pas cessé".
|
|