Né le 8 juin 1810 à Zwickau, en Saxe, Schumann baigna dès
l'enfance dans un univers littéraire. Son père étant
libraire, il découvrit vite les grands auteurs romantiques et partit
faire ses études à Leipzig Il ne montre guère de dons
précoces pour la musique.
Portrait
de Schumann (conservé à Naples)
. C'est
en entendant la "Flûte Enchantée" de Mozart
et un récital de piano, qu'il décide de devenir virtuose.
En 1828, une crise de croissance, accentuée par le suicide de sa
soeur et le décès de son père, le rend taciturne et
renfermé sur lui même. Toutefois il mit toute son énergie
à l'étude du piano, sous la direction de Friedrich Wieck,
au point d'avoir une main paralysée, à cause d'un instrument
de sa fabrication, qui était sensé lui faire acquérir
l'indépendance des doigts. Dès lors, sa carrière de
virtuose terminée, avant même d'avoir commencée, il
se tourne vers la composition en 1833, après une sévère
dépression nerveuse accentuée par la mort de son frère.
Il crée la très contestataire Nouvelle revue musicale en
1834.
Ses
oeuvres pour piano, avant et après la paralysie de sa main, sont
totalement différentes, les premières plus extérieures,
plus axées vers la virtuosité, et les suivantes reflétant
davantage sa personnalité profonde, souvent tourmentée. Son
exaltation vis à vis des jeunes compositeurs lui font souvent crier
au génie dès qu'il en découvre un de nouveau. C'est
ainsi que restera à jamais dans les esprits des mélomanes
son fameux:
" Chapeau bas, Messieurs, un Génie"
au sujet de Chopin
Robert
et Clara Schumann par E. Kaiser
Son
mariage en 1840 avec Clara Wieck, la fille de son professeur et elle-même
pianiste virtuose, fut le seul bonheur de sa vie. Mais cela ne se fit pas
sans mal, car le père de Clara était contre le mariage. Schumann
entreprit donc un procès qui dura un an, mais au bout duquel il
put épouser celle qu'il aimait. C'est en 1841 qu'il écrit
sa première symphonie et la Fantaisie pour piano et orchestre, qui
deviendra le concerto en la mineur en 1845. En 1847 il tombe à nouveau
malade, très affecté par la mort de son ami Mendelssohn.
En 1849 et 1850 Schumann écrit le concerto pour violoncelle et la
troisième symphonie dite "Rhénane". C'est à cette
époque
qu'il
quitta son poste de professeur à Leipzig et devint, en 1850, directeur
musical pour la ville de Düsseldorf.
. Photo
de Clara et Robert Schumann
Dès
1854, ses accès de démence et de désespoir l'amenèrent
à démissionner. Il note dans son journal, les mots "souffrances","
triste épuisement de mes forces", et "résignation". Le 27
Février 1854 il se jette dans le Rhin: acte de démence où
dernier acte de lucidité? Repêché par des mariniers,
il est interné dans un asile où il mourra le 29 juillet 1856
dans d'horribles souffrances morales, car il est conscient de son état.
Une toile de Dhurmer illustre la soufrance
ou la mort, dans une version violente et angoissante de la "Méduse",
la créature une main sur le coeur l'autre sur la tête semble
nous regarder pour implorer de l'aide.
Clara,
restée seule avec sept enfants, continuera jusqu'à sa mort
en 1896, à imposer à chacun de ses concerts, l' oeuvre de
son mari.
Photo
de Clara Schumann
Schumann,
personnage romantique aux multiples facettes, aimait à s'identifier
à deux héros différents : le vaillant Florestan et
le rêveur Eusebius. On retrouve ces deux caractères dans toute
son oeuvre et il signait souvent ses écrits de l'un ou l'autre de
ces deux noms.
Carnaval
(1835) est le portrait pianistique d'Eusebius. Cherchant à se cacher
derrière des masques, Schumann trouva cependant auprès de
Clara un équilibre qui lui permit de composer cent trente-huit lieder,
dont les Liederkreis, le cycle des Amours du poète, et celui de
L'Amour et la vie d'une femme.
Toute
aussi imprégnée de littérature, l'œuvre pour piano
de Schumann est extrêmement variée, de la Fantaisie en ut
majeur (1836) ou des Études symphoniques (1854), à des œuvres
plus intimistes comme Papillons (1831), Scènes d'enfants et la Kreisleriana
(1838), et L'Album pour la jeunesse (1848)
Schumann
écrivit également quatre symphonies et de nombreuses œuvres
de musique de chambre, et un opéra méconnu Genoveva (1848).
Bouleversante, l'œuvre de Robert Schumann marque l'apogée du romantisme
musical allemand.