Translation in English
A l'automne 1833, Schumann subit une grave dépression. Son infirmité, tous ses espoirs déçus ne sont pas étrangers à sa maladie. Il est la proie de phobies irraisonnées. Lorsque le choléra s'abat sur l'Allemagne, il veut fuir en France, en Italie. Il est tellement hors de lui, que sa mère tente de le raisonner.
La mort de son frère Julius et de sa belle-sœur Rosalie, qu'il adorait, augmente sa névrose maniaco-dépressive. Dans la nuit du 17 octobre il se sent devenir fou et tente de se jeter par la fenêtre.
Ces années de crises, ne sont pas stériles pour autant. Schumann assume sa carrière de musicien et compose sans cesse. Ses premières oeuvres les variations ABEGG conçues chez Wieck sont éditées en septembre 1831. Leur finesse porte déjà la marque de Schumann, même si elles restent encore dans le style de Weber. Avec Papillons op 2, les études d'après les Caprices de Paganini op 3, et la Toccata op 7, Schumann explore les ressources de l'instrument. Schumann domine peu à peu son désarroi, et surmonte sa crise.
En 1833 il fonde une revue musicale la " Neue Zeitschrift für Music " dont le premier numéro paraîtra en 1834.
A cette époque Clara n'a que 14 ans et même si Robert est émerveillé par les dons prodigieux de la jeune fille, même s'il est ému en sa présence il l'a considère de son propre aveu: " ni comme une sœur, ni comme une amie, mais comme un pèlerin à la madone".
Ne sachant encore ce qui se passe en lui, il se fiance avec une autre jeune pianiste Ernestine von Fricken en septembre 1834, pour laquelle il compose le Carnaval op 9, dans lequel on reconnaît sans peine les personnages à peine masqués. Ernestine est Estrella et Clara se cache sous le masque de Chiarina.
Dès 1835, par manque d'affinités réelles, les deux fiancés se séparent. A partir de ce moment, Clara sera pour toujours au centre de la vie de Robert. A cette époque, Clara est déjà une artiste accomplie. Elle donne de nombreux récitals à l'étranger et à chaque séparation, les sentiments de Schumann à son égard deviennent de plus en plus passionnés. Lorsqu'en avril 1835, Clara rentre de Paris, Schumann découvre tout à coup son amour. Il s'aperçoit alors, qu'Ernestine n'a fait que préparer la venue de Clara.
Durant l'été, les lettres échangées entre Clara et Robert passent du ton de l'intimité à celui de la passion. En février 1836, la mort de la mère de Schumann le laissant seul, va précipiter l'évolution des sentiments des deux amoureux.
Mais Wieck intervient avec rudesse. Il éloigne Clara et l'envoie à Dresde. Schumann qui n'est pas préparé à cette opposition, reste désemparé. Il ne comprend pas. C'était mal connaître le père Wieck qui avait placé toute ses ambitions sur sa fille. Il interdit toute correspondance et toute entrevue. Il calomnie et insulte Schumann. Sans nouvelles de son aimée, Robert songe à l'oublier, à renoncer. Il se sent abandonné.
Pendant ces quatre années d'attente et de souffrance, Schumann compose des oeuvres majeures comme la fantaisie op.17, véritable monument de la littérature pianistique romantique, ainsi que les scènes d'enfants op. 15 et les Kreisleirianas, fébrilement tourmentés. Ces oeuvres feront éclater la forme classique où Schumann se sent à l'étroit pour exprimer sa passion pour Clara. En tête de la fantaisie op 17, il écrit :
Après un an et demi de séparation, Clara revient à Leipzig. Maintenant elle est sûre de ses sentiments. Au concert qu'elle donne le 13 août au Gewwandaus, elle n'hésite pas à inscrire au programme quatre des études symphoniques, preuve publique de son amour pour Robert. Et soudain, toujours aussi sûre d'elle même, elle prononce le " oui " passionnément désiré par Schumann.
" Un si petit mot qui veut tant dire "
En 1839, Robert et Clara assignent Wieck devant le Tribunal, par une requête du 15 Juin. Il ne comparait que le 18 Décembre et c'est seulement le 1 août 1840 que le tribunal autorise le mariage. Le 12 Septembre, Clara Wieck devient Clara Schumann dans l'église du petit village de Schoënfeld.